!Les conseillers d’orientation….. Ces mal – aimés du MEN

Nous sommes frustrés, déçus, las, trahis, dévalorisés, malchanceux, non estimés à notre juste valeur, le plus souvent méconnus des uns et des autres, pointés du doigt à tors et travers, pris pour responsables de l’échec d’un système éducatif déboussolé mais surtout des experts en suspens …. Autant de qualificatifs que les conseillers d’orientation marocains utilisent pour se présenter et étayer l’injustice qui leur est faite. Ce sont donc ces fonctionnaires que nous nommerons « les mal-aimés du MEN».

A première vue, certains pourraient dire que les conseillers d’orientation adoptent un discours victimaire au lieu de se livrer à une autocritique de leur situation partant de ce qu’ont dit d’eux. VICTIMES ou pas, les faits qui seront présentés ci-après permettront de le vérifier.
*Les conseillers d’orientation, formation de qualité mais potentiel mal utilisé*
Nul ne saurait nier la qualité et la transversalité de la formation des conseillers en orientation. Lauréats du COPE, ces cadres, auparavant enseignants, intègrent une formation soutenue de deux ans après avoir été sélectionnés sur la base d’un concours écrit et un entretien oral. Leur formation au COPE prévoit l’étude de 14 modules de formation couvrant des côtés éducatifs, psychiques, économiques, informatiques et linguistiques, et de ce fait, ils sont prêts à être les experts de l’éducation dont la principale tâche est d’aider les élèves à se frayer un chemin d’avenir à travers un accompagnement de masse et/ou personnalisé à la construction et l’affinement de leurs projets personnels et d’aider les établissements scolaires à dépasser leurs difficultés concernant la mise en œuvre correcte des dispositions de la réforme via un appui technique soutenu. Ils conseillent, entre autres, des actions d’appui à l’établissement scolaire. Ils participent également à toutes les évaluations portant sur les apprentissages et acquisitions des élèves. Ceci dit, l’action de ces cadres ne trouve toujours pas bonne issue, et ce en raison de contraintes structurelles portant préjudice à leurs interventions tant recherchées. Le système éducatif se trouve ainsi privé d’un potentiel d’action qui pourrait agir sur bon nombre de dysfonctionnements notamment transversaux. Pour illustrer nos propos, il nous suffit de rappeler ici que les conseillers d’orientation œuvrent dans des districts scolaires composés le plus souvent de plus de trois établissements avec un taux d’encadrant dépassant largement 4000 élèves. De ce fait, inutile de parler d’un accompagnement de qualité pour de tous les élèves. Vient s’ajouter à cela un manque flagrant de moyens dédiés à la réalisation des missions qui leur sont confiées en particulier les espaces d’information et d’aide à l’orientation qui se comptent au bout des doigts dans chaque direction provinciale. Un terrain non propice, des fois hostile à leurs interventions vient compléter le décor. Atmosphère pratiquement non convenable à leur travail diriez-vous ! C’est vrai.
Toutefois, et bien que la situation ne soit toujours pas favorable à leurs actions, ces cadres ne ménagent aucun effort pour répondre présents à toutes situations où ils sont sollicités. Les directeurs d’établissements scolaires honnêtes en témoignent, de même qu’un grand nombre d’élèves qui les consulte spécialement sur les réseaux sociaux (groupe Whatsup, télégramme, etc.).
Au Maroc, il faut le rappeler, ce sont les conseillers d’orientation qui ont mis en avant un nouveau paradigme « l’orientation à distance » et ça marche à merveille!
*Un rôle prépondérant CONTRE Un statut dévalorisant*
On a beau parler de la compétence et de la disponibilité des conseillers d’orientation, le MEN et certains ennemis jurés du corps d’orientation ne l’entendent pas de cette oreille. Leur leitmotiv est : les conseillers d’orientation ne font rien et ne méritent donc pas un statut avancé qui consiste à remplir officiellement les fonctions d’encadrement, de suivi et d’évaluation d’aspects relatifs à la mise en œuvre de la fonction orientatrice des établissements scolaires tel que promis dans la note 17/22. Pourtant, ces fonctions sont effectivement exercées par les conseillers d’orientation actuels et continuent d’être exercées par des conseillers d’orientation qui ont changé de cadre pour devenir des inspecteurs en orientation en application des dispositions du statut particulier des fonctionnaires du MEN de 1985.
Pourquoi donc on a voulu infliger une sanction à un cadre qui a été suffisamment formé aux fonctions d’orientation dans toutes ses dimensions ? A quoi bon le contraindre à passer un concours pour ne retenir que 5 candidats ? Pire encore, le cycle de formation des inspecteurs en orientation au COPE est fermé depuis 2014 ! Et au lieu de réparer l’injustice faite aux conseillers d’orientation sous le statut particulier de 2003, le MEN, avec le concours de certains syndicats vraisemblablement en perte de crédibilité et de légitimité, a refait, par préméditation, la même erreur en privant ces conseillers d’un acquis bien mérité, celui du changement de cadre après l’accès à l’échelle 11. Un autre massacre vient donc compléter le décor d’une tragédie. Il s’agit bel et bien du décret n° 2-23-819 portant statut particulier des personnels du Ministère de L’Education Nationale de 2023, celui que les conseillers nommeront dorénavant la « statuette », la roche sur laquelle leurs rêves s’étaient cassés, leurs ambitions d’un avenir meilleur du métier.
Je finirai donc mon article en vous laissant la liberté de juger par vos mêmes, et de décider si les conseillers d’orientation méritent une attention particulière de la part de la société à laquelle ils rendent un service extrêmement important, ou à l’encontre, vous serez probablement du côté du bourreau qui a fait tout ce qu’il pouvait pour offenser toute une instance.
Quant à moi, je lèverai le signe de la victoire en s’écriant comme Brutus : «ô vertu, tu n’es qu’un mot » !

My Ismail ELFILALI
Conseiller en orientation